De l’importance de mûrir

La maturation est un processus difficilement perceptible, surtout quand elle s’active en nous. En sortant de mon comité de suivi de thèse, c’est l’une des premières réflexions que je me suis faites. Tout s’est très bien passé, les membres qui ont évalué la progression de mon travail m’ont prodigué des conseils avisés et nous avons abordé, durant un long moment, les concepts théoriques de mon sujet. J’ai compris que je les maîtrisais. Mieux : j’ai acquis une expertise dans mon domaine. 

C’est un grand soulagement pour moi qui souffre du syndrome de l’imposteur (hyper typique et répandu chez les doctorants). Pendant trois longues années, je ne cessais de revenir sur mes idées de base, la genèse de ma thèse ; j’avais touché quelque chose du doigt et je n’arrivais pas à le comprendre, à le théoriser, à le saisir comme il le fallait. Et puis, maintenant, je reviens sur mes premiers ressentis et ces idées qui n’étaient finalement pas si mauvaises. Elles avaient simplement besoin de connexions entre elles, d’un fil conducteur permettant à cette pensée complexe de prendre forme. Je suis telle une cuisinière : j’ai la saveur de la chose en tête mais je ne possède pas de recette et je ne sais même pas à quoi va ressembler le plat. Je possède les ustensiles, quelques ingrédients (encore faut-il en chercher d’autres). Comme la mixture qui cuit dans une cocotte minute, la pensée prend forme. La métaphore culinaire me rassure. 
Se faire confiance. Se tromper. Respirer. Avancer. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut